Mme Kitahara parle son amour pour la ville de Paris.



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Nous vous présentons un Paris sympa, mis a jour quasiment toutes les semaines.
21 La Main 2004.11 Liste des essaiPrécédentSuivant
A quelle époque avais-je trouvé dans la bibliothèque de mon mari "L’Art" d’Auguste Rodin…? Il avait certainement acheté ce livre, à la couverture rouge en carton, et muni d’une boite, lorsqu’il était étudiant : il avait été publié en Novembre 1969 en tant que septième édition. Rodin est devenu une personne inoubliable pour moi, depuis que j’ai lu son "testament esthétique", qui était au début de cet ouvrage.

"Aimez dévotement les maîtres qui vous précédèrent… Gardez-vous cependant d’imiter vos aînés. Respectueux de la tradition, sachez discerner ce qu’elle renferme d’éternellement fécond : l’amour de la Nature et la sincérité… "

"Que la Nature soit votre unique déesse. Ayez en elle une foi absolue. Soyez certains qu’elle n’est jamais laide et bornez votre ambition à lui être fidèles… car en tout être et toute chose, son regard pénétrant découvre le caractère, c’est-à-dire la vérité intérieure qui transparaît sous la forme. Et cette vérité, c’est la beauté même…"

"De la patience !... Les seules qualités de l’artiste sont sagesse, attention, sincérité, volonté. Accomplissez votre besogne comme d’honnêtes ouvriers."
L’Art d’Auguste RODIN ; entretiens réunis par Paul GSELL, Grasset 1997.

Rodin a laissé de nombreuses citations aux jeunes sculpteurs ; il a réussi à obtenir le statut de maître, après une longue et malheureuse période d’apprentissage, et qui continua malgré tout a cherché sa voie plus tard. Ces paroles m’ont touchée, bien que je ne soit pas artiste. Mais cela ne veut pas dire que le lien entre ses phrases et l’image que j’avais de ses œuvres ne s’est pas fait tout de suite. Mon opinion sincère est : « je ne comprends pas bien la sculpture », quant aux œuvres célébrissimes tels que « Le Penseur » ou « La Porte de L'Enfer », le fait que je les connaissaient était suffisant pour stopper ma réflexion.
J’avais donc aussi une impression que « la parole » devançait ma pensée. Pour faire quelque chose, pour vivre en tant qu’être humain, j’ai souvent pensée à ces riches citations. Et durant ma première période de séjour å Paris, mes pas se sont tout naturellement dirigés vers le Musée Rodin.

Celui-ci se situe au milieu du 7e arrondissement, qui est sur la Rive Gauche. C’est un grand quartier boisé en forme de triangle inversé, avec les Invalides, où repose Napoléon pour sommet, on a le Musée d’Orsay à l’Est, la Tour Eiffel á l’ouest, et dont l’un des côtés la Seine.
Le côté Est est particulièrement remarquable avec plusieurs villas magnifiques construites au 18e siècle.

Ces bâtiments, que l’on appelle hôtels, sont actuellement utilisées par l’administration ou les ambassades, et le plus célèbre est « L’Hôtel Matignon », résidence du Premier Ministre. Quelques portes plus loin, à côté des Invalides, on trouve l'Hôtel Biron, qui est l’actuel Musée Rodin. Cette résidence était habitée par des personnalités célèbres dès son achèvement, mais après la dissolution du monastère qui en était le dernier propriétaire au tout début du 20e siècle, des artistes tels que Cocteau, Matisse, ou Rilke y élirent domicile. Auguste Rodin adora également cette vieille maison, et la fréquenta de son domicile de Meudon pour s’appliquer à la création. Et il l’utilisa jusqu'à sa mort, même après que l’Etat eut racheté l’immeuble en 1911, et suite à sa promesse de laisser à ce dernier la plupart de ses œuvres, le bâtiment devint le Musée Rodin en 1919, deux ans après sa mort.

Bien que le musée soit assez petit en lui-même, le prix d’entrée est élevé, et il semble que seules les personnes vraiment intéressées le visitaient, car son intérieur était toujours silencieux. On avait simplement posé dans son magnifique jardin « Le Penseur », « La Porte de L'Enfer », ou encore « Les Bourgeois de Calais » (m’a-t-il semblé). Comme il y avait aussi un prix d’entrée pour le parc seulement, il m’est arrivé d’y venir me promener avec mes enfants dans une poussette.
La première fois que je suis rentrée à l’intérieur, j’ai été agréablement surprise par l’œuvre posée près de la fenêtre, au fond de la pièce qui fait face à l’entrée. Lorsque j’ai vu les œuvres connues, dont j’en avais qu’une idée, j’ai été « relativement » émue, mais c’était un choc différent. Je me suis approchée, comme attirée par un aimant, de « la Main » en marbre.

Plus tard, je me suis rendue de nombreuses fois au musée. C’est mon préféré, et j’y ai amenée de nombreux visiteurs du Japon qui avaient déjà vu le Louvre ou Orsay ; à chaque fois, je n’ai eu que de bonnes critiques. Sauf une seule fois, lorsque j’y ai emmenée les enfants qui étaient devenus collégiens, Ils ont répondus froidement « On est fatigués, tu ne peux pas aller la voir toute seule ? » à ma proposition de voir une dernière fois « la Main ». J’ai dû donner aux enfants, qui ne bougeaient pas d’un banc du parc qui était en travaux à l’époque, des crèmes glacées, puis j’y suis retournée toute seule.
(A suivre).


l'Hôtel Biron

Le Penseur

La Porte de L'Enfer
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