Mme Kitahara parle son amour pour la ville de Paris.



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Nous vous présentons un Paris sympa, mis a jour quasiment toutes les semaines.
N° 23  Salon   2005.01 Liste des essaiPrécédentSuivant
Aux informations télévisées, on peut voir de temps en temps les bureaux du président ou du maire de Paris. Je suis étonnée par la beauté et le luxe de leur"bureaux ", que je qualifierais plutôt de"salon " ; peut être le croirai-je si l’on me disait que c’était"le salon de ** " du palais de Versailles.
La salle d'examen du pédiatre, ou j'allais régulièrement lorsque les enfants étaient petits, était aussi un"salon ". La table d'examen était une commode, le bureau du docteur était à pieds, et un chandelier pendait du plafond. Devant, la cheminée, il y avait de nombreux oiseaux en bronze, et les enfants jouaient avec lorsque l'auscultation étant terminée, je discutait avec le docteur. J'étais très inquiète qu'ils ne les cassent, mais le docteur, qui était en chemise et nœud papillon me disait en riant :"Ce n'est pas grave : comme ils sont en métal, ils ne sont pas si fragiles."
Les appartements de mes amis sont aussi charmants. Ils savent arranger les meubles, et sont exigeants sur l’ameublement. On sent leurs exigences sur les meubles et leurs emplacements.
Leur intérieur est tellement rangé qu’il semble qu’ils sont destinés a être"montrés ", et ce qui est commun a toutes les maisons, c’est que les meubles anciens, ou qui semblent anciens sont intelligemment utilisés.
Si on faisait parler mes amis sur chacun, on ne s’en sortirait pas. Les parisiens, qui habitent dans des maisons en pierre, et qui ont été épargnés par les destructions de la seconde Guerre Mondiale, vivent entourés d’un incroyable nombre de meubles et de bibelots anciens. Leurs connaissances des choses anciennes sont donc nécessairement riches, et ceux-ci sont bien intégrés dans la vie, ce qui doit contribuer à réduire le stress dans la vie de tous les jours.
L’une des choses que j’ai apprises de ces amis est"d’aller à Camondo pour apprendre à voir les arts décoratifs ".

Le Musée Nissim de Camondo se trouve dans une zone résidentielle, près du Bd Malherbes. Ce qui change ce musée des autres, c’est que ce n’est pas simplement un bâtiment ou l’on expose des objets. La, on peut voir toute la vie de la famille Camondo. Ce n’est pas très bien d’espionner la vie des autres, mais ce musée fait exception. La raison en est que Moise, le dernier patriarche de la famille, qui était chercheur et collectionneur d’art décoratif, a laissé tout exprès pour la postérité.

Moise, qui vécut a Paris en tant que troisième génération de juifs italiens, construisit en 1912, sur ce terrain qu’il avait hérité, un hôtel particulier, et comme pour donner l’exemple, il décora son intérieur en utilisant abondamment les styles Lois XV et XVI (la résidence fut achevée en 1914). Une grande salle de réception, une grande bibliothèque occupant tout le mur. A coté la réserve a vaisselle, et le salon en bleu. Les miroirs, les tapisseries et les tableaux, etc.… Tout cela est le fruit des efforts d’un milliardaire qui ne doutait pas que l’art décoratif du XVIIIe était une des fiertés de la France.
On se rend compte naturellement, lorsqu’on lit les commentaires un par un, ce que c’est vraiment un meuble exceptionnel, et que les français actuels les imitent fidèlement. De la vaisselle de Sèvre, un plat en argent, un bougeoir, un fauteuil Lois XV, qu’on a déjà vus quelque part… Je revérifie qu’ils aiment toujours des objets décoratifs d’il y a deux cents ans, sans en être lassés.

Je pense que les parisiens sont heureux de côtoyer ce musée, qui est comme un manuel. Mais lorsqu’on découvre le contexte de la naissance du musée, on est atterrés par les hasards et l’inconstance de la vie. Nissim, l’aîné de Moise, qui devait hériter de la propriété que ce dernier avait arrangée jusqu'à la perfection, participa à la Première Guerre mondiale comme officier dans l’aviation, et tomba en 1917. Il semble que la famille de sa fille, qui s’était mariée ait vécu un temps dans cette résidence, mais Moise a probablement vécu une fin de vie malheureuse.
Et en souvenir de son fils, il laisse un testament pour faire de la propriété un musée appelé"Nissim de Camondo " en la laissant tel quel, et meurt en 1935. Comme promis, le musée ouvrit ses portes l’année suivante.
Les quatre membres de la famille de la fille Moise ont été déportés à Auschwitz par les nazis. Et leur destin a été le même que celui de nombreux autres juifs. Il n’y a actuellement aucune personne ayant un rapport avec la propriété. De plus, Isaac, le cousin qui habitait a coté, était un grand collectionneur d’Art oriental, et sa collection fait maintenant partie des trésors de la France, notamment au musée Guimet.

Le Musée Nissim de Camondo

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