Il y a actuellement six gares de chemins de fer à
Paris : les gares « Du Nord », « de l’Est
», « St Lazare », « Montparnasse »,
« de Lyon » et « d’Austerlitz ». L’Hexagone
est divisée en plusieurs zones, et les départs vers
chacune se fait dans une gare parisienne spécifique. De la
Gare du Nord (inaugurée en 1847) part l’Eurostar, et
de celle de Lyon (inaugurée en 1849) est le point de départ
des grandes lignes vers la Provence et les pays limitrophes tels
que la Suisse ou l’Italie, en dépassant la ville du
même nom.
Ces gares, qui se trouvaient vers le bord de la ville lorsqu’elles
furent terminées, ne sont plus du tout à la périphérie
après l’achèvement de la ville de Paris en 1860,
mais cela ne veut pas dire qu’elles se trouvent en plein milieu
de la ville, et on a le sentiment qu’elles sont « au
bord de Paris », et se situent de telle manière «
qu’après dix minutes de train, on a des paysages de
campagne. Pour moi, « le Chemin de fer » est donc fait
pour aller loin, et aller dans une gare est aussi un évènement
un peu spécial.
En fait, je pense que les bâtiments des gares étaient
vraiment très belles, comme le montre le fait que les amoureux
de celui de la sortie Marunouchi de la Gare de Tokyo né
durant la période Taishô, et que les mouvements pour
sa préservation ont été très actives.
A Paris, tous les bâtiments sont magnifiques, mais celles
des gares le sont particulièrement. Je pense que le dynamisme
de la société et l’espoir des gens de la seconde
moitié du 19e siècle ont réalisé ces
majestueuses constructions, sous la direction d’architectes
du premier ordre. Chaque gare a sa spécificité,
mais chacune à une façade monumentale qui reflète
le prestige des compagnies de chemins de fer.
Et on trouve pour chaque gare, une grosse horloge ronde. Même
si je me pose beaucoup de questions quant à leur utilité
il y a une centaine d’années, alors que même
maintenant, au 21e siècle, la situation des chemins de
fer en France (et aussi en Europe) est telle que les retards sont
nombreux !
Le bâtiment du Musée d’Orsay est celui de la
gare qui desservait l’Exposition universelle de 1900, et
sa silhouette avec sa grande horloge qui y est incrustée
est tellement belle que sa vue de la rive opposée de la
Seine est un spectacle qui ne lasse pas. La gare de Lyon possède
aussi son horloge, et comme elle se trouve en haut d’une
pente douce, et devait ressembler, à l’époque,
au clocher d’une église.
Toutes les gares de Grandes Lignes se ressemblent : il y a des
rails, avec les quais à côté ; au dessus on
trouve le toit triangulaire en verre, dont la charpente est faite
de poutres d’acier… c’est tout. Même maintenant,
je n’éprouve pas de sentiment de désaccord
avec « La Gare St Lazare », que peignit le peintre
impressionniste Monet (même si on n’y trouve plus
la fumée).
Il n’y a pas de guichets d’accès aux quais,
qui se déploient devant nous dès que nous faisons
un pas dans la gare, et tout le monde peut aller jusqu’aux
voies. Mais il n’y a personne qui se dirige de ce côté.
On voit juste quelques passagers sur les quais des trains sur
le départ.
Des chariots avec beaucoup de bagages passent de temps en temps,
mais il n’y a ni annonce, ni sonnerie annonçant le
départ. Des gens envahissent le quai seulement durant les
quelques minutes suivant l’arrivée d’un train,
mais contrairement au Japon, il n’y a pas d’atmosphère
encombrée, et tout le monde se contente de marcher à
leur rythme. Ce qui augmente encore ma nostalgie. Ils me font
ressentir un « temps » complètement différent
de celui des gares de métro ou de RER.
J’adore l’atmosphère de ces gares de grandes
lignes, un peu différentes de celle de la vie de tousles
jours…
Ces gens vont-ils en voyage quelque part, ou attendent-ils une
personne revenant de loin ?
Les personnes assises au café du coin de la gare, ou celles
se tenant devant les quais, ont une expression revendeuse. Bien
sûr, il s’agit d’une atmosphère commune
avec les aéroports, par exemple, et le fait que, pour les
chemins de fer, le bâtiment de la gare est ancien aidant,
le sentiment de ces personnes se diffusent, et teignent le paysage
d’une couleur sépia. Le sentiment de nostalgie du
bon vieux temps m’envahit. C’est reposant.
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La façade du 1er étage de la Gare du Nord.
La Gare de Lyon.
Le Musée d’Orsay.
La Gare St Lazare, par Monnet.
Attente à la ligne de séparation. |
Il y a quelques années,
je suis allée chercher avec mon mari, notre fils, qui avait
passé un été dans la campagne anglaise, et
qui revenait de Londres en Eurostar, à la Gare du Nord.
Je n’étais pas sans penser que c’était
trop que le gâter d’aller chercher notre enfant, qui
était déjà à l’université….,
mais le but principal était en fait de le récupérer
sur le chemin du dîner.
Mais mon cœur a battu un peu plus fort lorsque j’ai
vu l’Eurostar entrer silencieusement en gare (Si je me souviens
bien, il avait, comme à l’accoutumée, un retard
d’au moins un quart d’heure). Nous avons attendu mon
fils parmi les nombreuses personnes attendant leurs proches, qui,
avec tenue, ne dépassaient pas d’un pas l’espèce
de rambarde située devant les quais, qui ressemblent à
une limite.
Derrière nous, un brouhaha et des rires se sont fait entendre
; cinq où six jeunes gens sont en train d’accueillir
un jeune homme avec des cris de joies, comme lorsqu’un cosmonaute
est de retour sur Terre.
Une petite fille qui se penchait par-dessus la rambarde cria "Maman
!" ; l’instant d’après, un bébé
porté par une vieille femme, à côté,
agita très fort sa petite main, qui ressemblait à
une feuille d’érable.
Un peu plus tard, notre fils est arrivé sans se presser,
avec une grosse valise et une boite à guitare noire sur
le dos, et discutant avec des amis français qu’il
s’était fait au Royaume-Uni. Malgré le fait
que nous nous étions quittés il y avait à
peine deux mois, j’ai eu l’impression de le revoir
après plusieurs années. C’était une
nuit comme si la « fée de la gare d’arrivée
» avait lancé un sortilège.
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