ddComme tu as dit "Cette saveur est bonne", le 6 juillet est le jour où l’on commémore la salade (sarada kinenbi).
bbC’est un tanka célèbre de Machi Tawara. Il donne, aujourd’hui encore, une impression de fraîcheur, mais comme la première édition date de mai 1987 ; cela fait donc près de vingt ans qu’on en parle. Si on regarde encore une fois la couverture du recueil de poèmes intitulée « Sarada kinenbi », on y voit l’intension de défi envers le monde poétique, qui a tendance à être prisonnière des traditions, et est-ce pour insister sur l’hardiesse du contenu, on y a ajouté une lecture en alphabet occidental : sarada kinenbi. Le fait de donner sarada, au lieu de salad, est superbe. D’un autre côté, cela montre que le « sarada » est très profondément entré dans la vie des Japonais, et qu’il est devenu un mot japonais à part entière.
Consultons l’entrée de « sarada » dans le « Daigenkai » (paru en 1935) ; l’éditeur donne, après la graphie en caractères chinois, « seisai ryouri » (cuisine de crudités), présente l’étymologie anglaise : salad, le définit comme un type de recette occidentale, et continue une explication concrète. A partir de là, on peut voir qu’à l’époque, ce n’était qu’un menu des nouveaux restaurants occidentaux, et que ce terme n’était encore qu’un mot d’origine étrangère, qui avait peu de rapports avec le peuple.
Soixante-dix ans plus tard, en passant par l’époque du « Sarada kinenbi », la vie alimentaire s’est internationalisée, et la distance avec les langues étrangères a considérablement diminué. Pourtant, on ne peut affirmer que la volonté des Japonais de les apprendre, surtout pour le français soit forte, et on remarque quelque fois des attitudes hésitantes. Afin de réagir à cette tendance réticente, les dictionnaires franco-japonais récents donnent l’impression de s’efforcer d’insister sur la facilité d’apprentissage du français.
A tel point que lorsqu’on consulte l’entrée « salade », ils font tous état de sa parenté avec le terme anglais, « salad ». Bien, ils veulent dire de ne pas s’inquiéter, car c’est le même mot que celui de l’anglais qu’ils connaissent. Cela est peut-être une bonne considération pour les débutants, mais il y a un problème du point de vue de l’étymologie, puisque son origine semble être le provençal ancien ou l’italien salada (du verbe salare : saler), et si on l’admet, l’ordre de transmission me semble inversée. Cela me gêne de trop m’engager dans une histoire ennuyeuse, mais si on cherche encore plus loin l’origine de «salade», on finit par arriver au latin « sal » (la graphie est identique en espagnol, celle de l’italien : sale, le français : sel, et salt en anglais), et à un rapport avec le fait que cet ingrédient est essentiel pour fabriquer de la vinaigrette (le japonais emprunte tel quel le terme anglais : french dressing.
Qui plus est, si on sait que du même mot latin : sal est apparu un dérivé : salarium, le prix du sel, qui s’est transformé en paye (versé pour le paiement du sel). Et ce mot a à son tour donné « salaire » en français, et « salary » en anglais ; ce dernier a été importé dans notre pays, et a donné les termes japonais « salary », et « salary man », on prend encore une fois conscience de l’importance du « sel », et toute le « sel » de la position de salarié.
Ce genre de recherches ne conviendrait cependant pas à la saison estivale. Recentrons le sujet sur quelque chose de plus pratique. « Sarada » est maintenant un plat tout à fait courant dans les restaurants et les bistrots, bien sûr, mais aussi chez les particuliers.
Les mots directement importés de l’anglais inondent aujourd’hui la langue japonaise ; alignons les termes français qui y correspondent.
|
green salad |
:salade verte |
|
tomato salad |
:salade de tomates |
|
fruit salad |
:salade de fruits |
Il y a « en salade », qu’on emploi de façon similaire :
|
haricots en salade |
:haricots en salade |
|
pommes de terre en salade |
: pommes de terre en salade |
De plus, je pense que cela sert également pour la traduction anglaise, il arrive que « salade » désigne des feuilles, comme la laitue, le cresson, ou la chicorée.
" Vous reprenez de la salade?"
Ici, on parle bien sûr celle avec de la sauce.
Mais dans les cas suivants, la différence entre le français et l’anglais devient apparente.
1) Planter des salades dans son potager.
To plant some lettuce in one’s vegetable garden.
2) (Concernant, par exemple, un journaliste qui a confondu deux affaires)
Son article est une vraie salade!
His article is a real muddle!
3) Outil pour égoutter la salade, dont le sens s’est transformé: transport de prisonniers.
panier à salade
salad shaker(basket) ;police van, Black Maria
Pour résumer, on peut penser que le champ de signification du mot « salade » est plus étendu en français. |