De belles histoires sur le Français du professeur Yoshimi ASAHINA




セ・サンパ
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Le Nid d’oiseau. 09.2008Liste des essaisPrécédentSuivant

 Le proverbe français qui correspond à « Ato wa no to nare yama to nare » est «Après moi le déluge ! » (Il semble qu’on utilise la même expression en anglais.).  Il est temps de se poser la question: maintenant, Pékin: et après? ; regardons un peu comment les français ont accueillis les jeux.
 Cette réflexion trouve son origine dans le fait qu’un commentateur Japonais de télévision a dit, avec l’air de s’y connaître: "A part le pays organisateur, il n’y a que le Japon et les Etats-Unis  pour faire tout un plat du nombre de médailles, et l’Europe s’y intéresse beaucoup moins". Ceci sonne vrai, mais je pense que c’est contraire à la réalité.
 En ce qui me concerne, j’avais juste jeté un coup d’oeil  au « Monde », mais cela a suffi pour que je sente qu’on faisait grand bruit sur la question. Comme exemple que je peux donner rapidement, je citerais le fait que ce journal, qui garde, d’habitude, toujours son sang froid, et ne change pratiquement sa forme, a, dés avant l’ouverture des jeux, publié tous les jours une série d’articles spéciaux intitulé « JO Beijing », et les a inséré dans son journal, en tant que supplément. Je pense que même les journaux japonais n’auraient pas réservé un traitement si particulier à l’événement. Le fait d’avoir publié, après la clôture des jeux,  un article qui les résument, avec des photos en couleur du «Nid d’oiseau » illuminé par les feux d’artifices, avec un tableau des médailles n’était pas différent de la presse japonaise, mais les journalistes français ont non seulement donné le nom des pays dans l’ordre du nombre des médailles d’or qu’ils ont obtenu, et le nombre de médailles gagnés avec leur couleurs : 1-Chine Or 51, Argent 21, Bronze28, jusqu’au 12-Pays-Bas, mais également insisté, en insérant le nom d’un athlète: M.Phelps(USA) 8, entre le 9e :l’Italie, et le 10e: la France, en le mettant en valeur, comme le nom du pays champion, à l’aide de lettres gothiques, ce qui montre qu’ils n’ont vraiment pas ménagé leur peine. Comparé à la manière japonaise, qui se contente froidement d’aligner les chiffres jusqu’en bas, on sent bien l’excitation de ce quotidien. Est-ce un préjugé de penser que la signification de ces caractères en gras est plutôt une critique vis-à-vis des athlètes français décevants, qu’une louange des prouesses du nageur américain ?


Ouverture des jeux au « le Nid d’oiseau ».
(Extrait de la couverture de People China)



  Mais cela ne veut pas dire qu’on n’y voit pas la spécificité de ce journal.
 Pour le dossier spécial, intitulé « le journal de chine », le quotidien ne se limite pas à donner le déroulement des épreuves, et la majorité des pages sont consacrées à une présentation détaillée d’informations sur la politique, l’économie, et la société chinoise, qui n’ont rien à voir avec le sport. Ils ont donc par exemple présenté la vision sportive de Mao Zedong, père de la Chine communiste, la différence de sa stratégie nationale avec l’Inde, qui investit dans l’éducation sur les technologies de l’information, au lieu d’organiser les Jeux olympiques, ou les critiques sur le réalisateur Zhang Yimou, accusé d’avoir vendu son âme à l’état, à l’ombre de la gloire (Il semble que son film Vivre ! soit toujours interdit de projection dans son pays). Ceci est intéressant en soi, mais je m’attacherais ici à la rubrique Courrier, et je répondrais au sujet de cet article en présentant des extraits des échos qu’ont remarqué la rédaction du « Monde ».
 La première est un avis d’un lecteur de Lyon, intitulé : « Comptons les médailles de l’Union européenne! »
 Je trouve déplorable de ne pas trouver dans le tableau des médailles que vous publiez l’Union européenne qui, pourtant, figurerait largement en tête devant la Chine si mes calculs sont exacts.
 Si ce courrier dit « Qu’on a perdu une bonne occasion de rappeler l’importance de l’UE », il se termine en affirmant que l’auteur « n’est à la base, pas intéressé par le fait de relier les médailles au patriotisme », il n’en demeure pas moins que cela montre que ses sentiments dépendaient, tout au long des jeux, des destinations des médailles.

Le superviseur général Zhang Yimou.
 L’autre concerne un avis d’un singapourien, intitulé « Des Jeux olympiques sans âme. ». C’est un courrier adressé à l’origine au « Straits Times » ; il n’a donc pas de rapport avec la France, mais je pense que si la rédaction l’a transcrite, c’est qu’elle était d’accord avec lui. 
 J’apprécie énormément le spectacle humain que représentent les JO de Pékin, mais je dois dire que l’obsession chinoise qui veut que tout soit absolument parfait me rappelle des JO de Séoul en 1988. Pendant ces Jeux-là, tout, depuis la cérémonie d’ouverture jusqu’à la cérémonie de clôture, a été géré avec une précision d’horloger, mais sans le sentiment de joie que le coeur attendait.
 Plus tard, l’auteur se souvient que cette joie était présente aux jeux de Barcelone et de Sydney, et remarque «un pouvoir qui veut la perfection à tout prix », qu’on peut lourdement ressentir durant toute la cérémonie d’ouverture de celles de Pékin. Si on considère que ce « pouvoir » est celui du Parti communiste chinois, qui régente la politique de ce pays, cette interprétation est la même que celle du Japonais moyen, qui a regardé la retransmission de cette cérémonie à la télévision. De ce point de vue, il n’a donc rien de nouveau. Mais ce qui m’intéresse dans ce courrier, c’est qu’après cette remarque, on trouve la réflexion suivante :
Je suis Singapourien, je suis né et j’ai grandi à Singapour, et à ce titre je ne sais que trop bien que nous avons la même tendance perfectionnsite en nous.
Selon ces termes, « pouvoir » signifierait ici « le désir du perfectionnisme ». Dans ce cas, je suis forcé d’admettre que celui-ci est également présent dans le cœur des Japonais. Mais, en regardant cette émission, je me souviens de m’être rassuré en me disant "Le Japon est différent de la Chine, heureusement qu’on est pas figé dans le nationalisme et le totalitarisme.". Le courrier de ce Singapourien a eu le mérite de révéler ma légèreté. J’ai l’impression qu’il m’a rappelé que, finalement, les Français considèrent que le Japon est un des pays de l’Asie.

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