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Interview de Madame Bauchet, ex-présidente adjointe de la section du contentieux du Conseil d’Etat
2005.10  
Le Conseil d’Etat, cela vous dit quelque chose? Vous connaissez le Musée du Louvre, et en face de ce musée, il y a le Palais Royal que léguait Richelieu au roi Louis XIV. C’est la raison pour laquelle cet ancien palais du Richelieu dit «Palais Cardinal» est devenu «Palais Royal». Ce batîment abrite actuellement le Conseil d’Etat. Le Conseil d’Etat a une double fonction : il conseille le Gouvernement sur les projets de loi, avant que ceux-ci soient présentés au Parlement ainsi que sur certains décrets; il est également la cour suprême de la juridiction administrative : celle-ci a pour mission de trancher les litiges qui s’élèvent entre les particuliers, les entreprises et les collectivités publiques.

Madame Jacquline Bauchet a été présidente adjointe de la section du contentieux du Conseil d’Etat.

-Commandeur dans l'ordre de la légion d'honneur
-Commandeur dans l'ordre national du mérite

Je suis née à Paris en 1927 et n’ai pas eu de frères ou de sœurs ; j’ai suivi l’enseignement primaire dans une école catholique puis suis entrée au lycée : le Lycée Camille Sée, du nom d’un ministre de l’Education nationale de la IIIe République qui a réussi, à la Chambre des Députés, à obtenir la création de lycées pour jeunes filles. J’y ai passé le baccalauréat et y ai fait deux années de «classes préparatoires », classes officielles qui préparent au concours de l’Ecole normale supérieure. Je n’ai pas passé ce concours et me suis orientée vers l’Institut d’Etudes politiques de Paris où j’ai fait trois années d’études. J’ai, ensuite, présenté l’Ecole nationale d’Administration (E.N.A.) et à la sortie de l’Ecole, je suis entrée au Conseil d’Etat. Il y avait une autre femme qui y entrait également. C’était la première fois, depuis la création de cette institution que des femmes en faisaient partie.
Interview
1. N’avez-vous pas connu des difficultés ? Le milieu était masculin, n’est-ce pas ?

Non, pas vraiment, ils ont été un peu surpris, peut-être quelques-uns n’étaient pas à l’aise. Mais ils sont bien élevés et n’ont rien dit. Après, ça s’est très bien passé : pas de jalousie. Je n’ai pas été favorisée et je n’ai pas subi non plus de ségrégations sexistes.

2.Je pense que vous avez pas mal sacrifié votre vie privée.?

Je n’ai pas sacrifié ma vie du tout. Je me suis mariée à 26 ans avec Pierre que j’avais rencontré en 1953, c’est-à-dire un an après mon entrée au Cconseil d’Etat. Et j’ai eu trois enfants comme bien d’autres femmes mariées; il faut dire que j’ai eu de la chance d’avoir une person à plein temps à la maison; à l’époque, c’était plus facile que maintenant de trouver du personnel.

3. Mais quand les enfants tombent malades ou s’il y a un petit incident, n’y a-t-il pas eu des problèmes ?

Bien sûr, il y a toujours des problèmes; non seulement la garde des enfants malades où j’ai dû parfois emporter mon travail à la maison, mais aussi l’inquiétude que l’on ressent de les savoir malades; mais cela fait partie du choix que l’on a fait de travailler. A ma génération bien des femmes qui, par tradition et bien que possédant des diplômes, n’ont pas travaillé professionnellement, ont eu un autre type de problème : le regret lancinant de n’avoir pas eu une activité professionnelle.

En ce qui concerne la seconde (jalousie de collègues masculins), la règle au Conseil d’Etat est que seule l’ancienneté compte pour parvenir aux grades de Maître des Requêtes et de Conseiller d’Etat, ce qui limite beaucoup les compétitions et tout ce qu’elles entraînent comme rivalités et mauvais coups. Certes le choix préside à l’attribution de certaines fonctions. Mais ce choix résulte de la qualité du travail fourni sur de longues années et là, il n’y a plus d’homme ou de femme : il y a seulement des gens compétents ou pas.

4. Votre mari est académicien ?

Oui, il a été professeur de Sciences économiques aux Universités de Rabat, de Lille, puis de Paris; il est devenu un moment Président de l’Université de Paris I. Peu de temps avant son départ à la retraite, il a été élu membre de l’Institut de France, Académie des Science morales et politiques. Il m’a toujours beaucoup soutenue et aidée; ce soutien a été un élément important pour que je me sente libre dans mon travail.

5. Vous avez accédé à la présidence adjointe de la section du contentieux du Conseil d’Etat.

C’est exact : en 1987, après avoir présidé une des 10 formations de cette même section ; c’est un déroulement normal de carrière, même si le choix et pas seulement l’ancienneté de service préside à ces nominations.

6. Auriez-vous pu être la présidente de cette section ?

En théorie, rien ne s’opposait à ce que je devienne présidente de section, car il n’existe dans la fonction publique française et tout particulièrement au Conseil d’Etat, aucune discrimination entre hommes et femmes. Plusieurs femmes ont été présidentes de sections, le plus haut grade du Conseil avant celui de vice-président du Cconseil d’Etat.

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