En face du centre ville de Nantes, ayant la Loire au milieu, on a une autre ville “Rezé” qui fait partie de l’agglomération nantaise. Et, dans Rezé, il y a un petit quartier très particulier qui s’appelle Trentemoult. C’est une petite surface en longueur qui donne sur la Loire et on voit toujours plusieurs petits bateaux de pêche. C’est pour pêcher des civelles (= des bébés anguilles) et chaque propriétaire de bateau a son territoire dans la Loire. Et au quai comme ce qui est dessiné par les peintres impressionnistes, des bateaux de plaisance sont amarrés. Dès qu’on met le pied dans ce quartier en longueur, le petit vent bleu, comme celui qui circule dans la ville de port, nous amène dans l’espace d’une dimension tout à fait étrange.
Les petites rues se croisent comme des labyrinthes, les maisons sont peintes en couleurs splendides, et on a l'impression d’être sur le lieu de tournage d’un film, par exemple, <la ville d’un port de l’époque ou la France gouvernait l’Afrique colonisée>. Nantes et toutes les villes autour se situent sur l’estuaire formé à la grande embouchure de la Loire. Donc, aussi a Trentemoult, le niveau d’eau de la Loire est directement influence par la marée de l’Océan Atlantique. A marée haute, on croit que la Loire remonte, et à marée basse, le niveau d’eau se baisse à vue d’œil et ça finit par découvrir le lit d’un fleuve qui est couvert par l’épaisseur considérable de la vase en gris anthracite. C’est la boue imbibée d’eau comme l’argile très lourde. Même le bateau qui flottait encore il y a très peu de temps commence à se pencher petit a petit avec le grand mât en biais, dès que le fond du bateau touche cette accumulation de la terre humide. Comme les horaires de marée jouent beaucoup sur la condition de la Loire, si on veut descendre vers l’Océan à partir d’ici, il faudrait absolument tenir compte de la marée. Et à Trentemoult où, ça dépend du vent, on peut sentir l’Océan dans tous les coins de la rue, le grand cou très élégant de l’aigrette toute blanche et l’ombre des ailes de la mouette qui traverse dans le ciel bleu vont très bien comme décor de la scène. |
Maintenant, on peut parler de l’Epoque de la grande navigation à laquelle la France faisait partie. Au 17eme siècle, la France a installé sa colonie aux Indes Occidentales, et au 18eme siècle, en profitant du commerce des esclaves, elle a fait fortune énorme comme l’Angleterre et la Hollande. C’était avec un système de commerce qui s’appelait <le Triangle> que je voudrais envisager de raconter dans un autre épisode. Donc, cette fois – ci, je vous explique simplement que beaucoup de commerçants nantais ont aussi participé à ce Triangle avec énormément de volonté avare et qu’on trouve pas mal de traces (= séquelles ?) de cette période d’esclavage partout dans Nantes. Par exemple, sur l’Ile Beaulieu qui est tout près de Trentemoult, il y a une grande raffinerie du sucre (autrefois, ils raffinaient des cannes à sucre qui étaient récoltées dans les colonies du Nouveau Continent) et un hangar de bananes. Je pense que la mentalité courageuse de l’époque de la grande navigation qui faisait partir sur le grand océan et l’ambiance chaude des gens qui cherchaient la liberté et l’aventure de l’autre coté de l’horizon restent toujours dans l’air qui couvre le quartier de Trentemoult. L’odeur du vent libre qui existe depuis le 17ème siècle, différente de celle des quartiers voisins, est pénétrée jusqu’à tous les petits coins de rue au fond du labyrinthe mystérieux. Cette odeur constitue un air gentil et plus ou moins arrondi. Et au fond de la petite impasse, on peut trouver une petite place cachée. Les places comme ça sont souvent colorées par les fleurs bordeaux ou roses qui débordent du bout des branches jamais taillées et on peut rencontrer un petit tricycle abandonné ou une girouette rouillée et oubliée dans le vent.
Quand il fait beau, sur les murs des maisons peints en couleurs étonnement vives, avec la collaboration du vert des fleurs de plantes variées et les pavés des labyrinthes qui contournent toutes ces rencontres des couleurs extravagantes, le rayon du soleil danse joyeusement et on a l’impression d’être dans une ville bien plus au sud qui donne sur la Méditerranée. Et si on prend une petite rue depuis ce genre de places cachées, parfois, on peut trouver encore une autre place. Même si on veut reprendre la rue pour retourner au point de départ, on est encore une fois égaré dans un autre labyrinthe inconnu. Mais, si on prend une rue assez large pour pouvoir sortir enfin de ce quartier assez magique, on se demande si on n’est pas rentré du Pays d’Alice. Dans le monde en dehors de ce quartier, tout est beaucoup trop normal et finalement, on a envie d’y retourner. Donc, on y retourne, et dès qu’on remet le pied dans cette jungle en pavés, on se plonge dans un air doux avec lequel on a déjà commencé à avoir quelque chose comme une nostalgie. Est-ce que c’est le parfum fascinant qui s’appelle Liberté ou la senteur qui fait aspirer l’aventure ? Dans tous les cas, si on est une fois captivé par cette ambiance, on a l’impression que toutes les autres choses sont fanées. Trentemoult est rempli de quelque chose comme ça et ça ressemble à la façon de vivre d’adultes qui ne voulaient pas devenir des adultes banals et toujours chercher des cotés de fantaisie dans leur vie.
Enfin, on peut retourner sur le sujet de civelle (= bébés anguilles). Jusqu’à il y a 50 ans à peu près, on pouvait en pêcher tellement que c’était dépensé comme aliment pour le bétail. Mais, c’est devenu très rare et donc, les civelles se négocient avec des prix exorbitants.
Il y a 2 recettes pour manger ce poisson si précieux :
1) Faire sauter dans la poêle au beurre (demi-sel, bien sûr), et assaisonner à la ciboulette.
2) Cuire l’eau rapidement et mélanger avec de la vinaigrette aux herbes préférées, par exemple, aux échalotes.
Et, bien entendu, les compagnons de ces plats sont des vins de cette région,
C’est-à-dire, Muscadet ou Gros Plant. En dehors de la Loire, les civelles sont pêchées
dans la Gironde qui embrasse la ville de Bordeaux et dans d’autres fleuves du Pays
Basques de la France et de l’Espagne. Sans doute, la table de chaque région est couverte de l’art culinaire et du vin qui sont nés et adaptés à chaque terre et climat.
Mais, l’anguille du fleuve Ooi du Japon grillée avec la sauce de soja un peu sucrée
que j’ai mangé un été de Tokyo où il a fait chaud terriblement me semblait
particulièrement convaincante. Si je pense à cela, déjà, l’odeur de cette sauce qui
brille et la sensation du poignet pour enlever les brochettes sans casser la chair
de l'anguille me reviennent très vivement. Et à ces moments-là, je reconnais de
nouveau que la cuisine japonaise est née vraiment dans le climat de Japon et lui
convient.
Dans le coin de la rue de Trentemoult qui donne sur la Loire, en sentant la petite odeur
de l’Océan dans le vent, je me rappelais la couleur de la sauce de l’anguille grillée
du Japon. C’était une sensation un peu amusante et en même temps, légèrement
nostalgique. Il y a des moments où l'on peut reconnaître son identité dans la petite
nostalgie assez cool. J’adore le moment comme ça qui est très clair et ne donne pas
de poids de réflexion. Et tout de suite après, j’ai commencé à sentir que je pourrais
profiter de l’air de Trentemoult encore plus librement. Peut-être, en retrouvant leur
identité chaque fois de façon inattendue, les êtres humains répètent des rencontres
avec le monde autour d’eux-mêmes.
Aujourd’hui aussi, dans le vent qui circule dans le vieux quartier du port, on sent l’odeur de l’aventure bleue comme d’habitude.
Comment on peut arriver au quartier Trentemoult qui a un embarcadère.
Prendre le TGV Atlantique direction Le Croisic à Paris-Monparnasse.
Environ 2 heures 10 minutes pour faire Paris – Le Mans – Angers – Nantes.
A l’accès Sud de la gare de Nantes, prendre le bus No.31 qui vous amène
à Trentemoult = terminus de ce bus. Sinon, à l'accès Nord de la gare, prendre le tramway Ligne 1 et descendre à Chantiers Navals où la Navette Fluviale vous attend pour accéder au port de Trentemoult.
Cette navette est une nouveauté très recommandée, puisque cela évoque Nantes a l'époque de la grande navigation. Essayez-la, absolument. |
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Les maisons à la Trentemoult, peintes en plusieurs couleurs vives.
La girouette rouillée de la petite place au fond d’un labyrinthe.
Grands pots à fleurs faits en bidon d’huile.
C’est un petit jardin commun pour les habitants de Trentemoult, où ils peuvent amener des plantes comme ils veulent.
Dans la petite ruelle de Trentemoult qui ressemble un peu aux villes de l’Italie, une charmante Fiat 500 va très bien.
Navibus : l'embarcadère de la navette fluviale. |