Certains d’entre vous pourraient être
choqués en pensant au changement de sexe, (sex change) par
ce titre, mais je vous rassure : il s’agit ici du «
genre » grammatical. Parmi les lecteurs, je pense qu’il
y en a qui ont appris que « l’apprentissage du français
nécessite l’éveil à la sexualité
». En effet si on se limite au fait que l’homme est
au masculin, et la femme au féminin, il n’y a pas de
problèmes, mais on est confus si on nous dit qu’un
livre est masculin, et une table au féminin. Et on apprend
que ce n’est pas quelque chose de logique, mais une convention
de la communauté de tout ceux qui utilisent cette langue
: la francophonie. Si on y réfléchit bien, c’est
quelque chose de très important, qui, comme le véritable
« éveil de la sexualité », peut complètement
changer la vision du monde. Mais une fois qu’on est «
éveillé », il y a un système solennel
selon les règles duquel les articles, las adjectifs et les
participes passés changent de forme, et les étrangers
comprennent que l’apprentissage du français consiste
à s’y habituer. Pour cette raison, je pense me limiter
à cette langue cette fois-ci.
Illustration de l’héroïne
de « La Garçonne » de Victor Marguerite
(1922). |
Bon, les faits précédentes étant posés,
nous passons à des choses un peu compliquées : c'est-à-dire
lorsque le genre et le sexe se confondent.
Il n’y a qu’un seul genre pour un nom, mais en réalité,
il arrive qu’il soit utilisé pour les deux sexes. La
connaissance est au féminin, et son sens propre est «
savoir », mais comme signification dérivée,
il arrive qu’on l’utilise pour désigner «
une personne que l’on connaît » : que faire dans
ce cas ? Il est utilisé tel quel pour les femmes, bien sûr,
mais aussi pour les hommes. De plus « membre » est au
masculin, mais il y en a évidemment qui sont des femmes.
Le cas de « violon » pour signifier « joueur de
violon » est semblable : les deux termes « un violoniste
» et « une violoniste » existent, mais lorsqu’on
utilise le premier, ce n’est qu’ « un violon ».
Il y a aussi des cas où le genre et le sexe se contredisent:
« basse » est au féminin, ce qui est correct
si ce terme désigne des sons graves, ou des instruments de
musique qui ont une note grave, mais s’il s’agit d’une
personne chantant avec une voix grave, il désigne obligatoirement
un homme, ce qui prête à confusion. Comme exemple du
même genre, on peut citer « sentinelle » ou «
recrue » dans le vocabulaire militaire, mais comme les femmes
soldats ne sont plus rares ces derniers temps, on peut dire la confusion
a proportionnellement diminuée. Dans le cas «cordons
bleus» : les personnes très douées en cuisine,
je pense que c’est l’inverse ; ce nom désigne
normalement une femme. Peut-être qu’il y a parmi les
lectrices, des personnes qui ont fréquenté des cours
de cuisine, et ont des diplômes de cordon bleu. Mais comme
il n’est plus inhabituel que des hommes fréquentent
ces cours, la contradiction a diminuée.
Pour montrer l’affection que l’on porte à
quelqu’un, il arrive que l’on croise exprès
le genre et le sexe. Il est normal de dire « ma chérie
» ou « ma petite » à sa femme, sa petite
amie ou à une petite fille, mais on utilise quelquefois
« mon chéri » ou « mon petit ».
Si on s’adresse à un garçon, on dira au contraire
« ma belle » ou « ma petite fille ». Jusqu’ici,
il s’agit de chose qu’on peut trouver dans un livre
de grammaire ; je me propose de faire des recherches pour le cas
des homosexuels, dont on parle beaucoup aujourd’hui.
Bon, la raison pour laquelle j’ai commencé à
parler de choses si compliquées tient à des articles
de presse.
La présidentiable socialiste,
Mme Ségolène Royal. |
L’un concerne l’élection présidentielle.
La date de l’élection du prochain président
a été fixée au 22 Avril 2007 par le ministre
de l’Intérieur Nicolas SARKOSY. Il est évident
que celui-ci est un grand candidat potentiel, et le Parti Socialiste,
à l’opposition, vient juste de commencer à choisir
son candidat, et un journal tout récent a rapporté
que les trois présidentiables avaient débattu. Il
s’agit de Mme Royale , M.Strauss-Kahn et M.Fabius, mais comme
ils ont tout trois leurs styles et leur politiques, les militants
du PS hésitent à se décider sur le candidat
à opposer à Mr SARKOSY (Il sera certainement le candidat
de droite). En admettant que Mme Royale soit candidate, et remporte,
les élections, que ce passera-t-il ?
La raison pour laquelle je pose cette question est que « président
» est traditionnellement au masculin, et « la présidente
de la République » était réservée
à l’épouse de ce dernier ; comme par exemple
« professeur » ou « ministre », il a été
considéré comme un métier d’homme. Mais
des présidents de sexe féminin sont apparus ces derniers
temps, ce qui a provoqué l’apparition d’exemple
d’utilisation comme « la présidente de la République
finlandaise » dans le Petit Robert. Si je continue sur ma
lancée, « PDG » était limité au
masculin il y a quelque années, mais maintenant, sa forme
féminine : « présidente-directrice-générale
» est attestée. En somme, c’est que les temps
où il ne serait pas étonnant de voir l’apparition
d’une « présidente »sont arrivés,
en France comme aux Etats-Unis, et que la langue française
est maintenant prête à l’accepter.
S’agissant de refléter son époque, le deuxième
exemple n’est pas en reste non plus.
Dans le journal « Le Monde » de la mi-octobre, a été
publié un article intitulé « La propriété
de son corps et la prostitution. ». Il affirme que si l’on
suit la morale de consentement du 21e siècle, on ne pourrait
plus pénaliser la prostitution et qu’ " Elle
(la prostituée) deviendrait une travailleuse ni plus ni
moins honorable que les postières ou les écrivaines.
"
L’auteur est Marcela Iacub, est une experte de la loi et
de la bioéthique originaire de l’Argentine, travaillant
actuellement au CNRS, et possède une riche bibliographie.
Comme le contenu de cet article dépasse mes compétences,
je le laisse à l’appréciation du lecteur.
Et je vous prie de vous intéresser au mot « écrivaine
», à la fin de la citation. Ce mot était traditionnellement
au masculin, et il doit être noté n.m. sur votre
dictionnaire français japonais. Et il était traditionnellement
normal de dire « une femme écrivain », lorsqu’il
est de sexe féminin. Dans le Shin furansu go bunpô
jiten (Nouveau dictionnaire de la grammaire française),
de Sueo ASAKURA, Ed. Hakusuisha, on trouve aussi l’exemple
suivant :
«Mme de Sévigné est un grand éécrivain.
»
Mais ces dernières années, un « changement
de sexe » s’est aussi opéré pour se
mot : le Robert de 1996 donne l’explication suivante : "Certaines
femmes écrivains se qualifient d’écrivaines.
Cette forme se retrouve en Suisse et au Québec." Le
Petit Larousse va également dans ce sens, et tout en sous-entendant
qu’elle n’est pas reconnue en Métropole, affirme
qu’"elle s’est répandue dans toute la
francophonie." En fait, la première à s’être
qualifiée d’ « écrivaine », semble
être Collette, qui a aussi de nombreux admirateurs au Japon.
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