Le sujet de l’élection présidentielle,
que j’ai traité dans le dernier article, va certainement
attirer l’attention de plus en plus de monde de la fin de
l’année au printemps prochain. Le fait que Mme Royal,
à laquelle je me suis intéressé par avance
ait été officiellement nommée candidate, bien
que cet intérêt ait été purement grammatical,
c’est comme ci j’avait prédit l’avenir,
ce me rend un peu fier. Donc c’est cette élection présidentielle
qui va encore me servir d’introduction.
« La Liberté guidant le peuple » par Delacroix. |
Il est normal que les médias parlent beaucoup de cette
femme, mais j’ai été quelque peu surpris par
l’article « Candidates libres » du « Monde
» du 05 Décembre. J’ai été d’abord
étonné par le fait qu’il y a en fait plusieurs
candidates, mais je l’ai été encore plus par
les sens de l’adjectif libre, free. Comme il s’agissait
d’une chronique de Laurent Greilsamer (column en anglais),
je sentais qu’il y avait une intrigue, mais il m’a
quand même réussi à me surprendre. En commençant
par le fait que les candidates à la présidence ont
"une situation familiale éminemment moderne",
il continue en affirmant qu’elles pensent que pour elles,
le mariage est "une vieille chose, une institution obsolète,"
et l’ont abandonnées. Et la phrase suivante apparaît
sans transition :
Ségolène Royal ? Compagne naturellement. Compagne
de François Hollande, son compagnon.
Que signifie « compagne » ici ? Citons, comme indice
l’article du « Who’s who in France »,
qui suit juste après (Il semble qu’elle l’ait
écrite elle-même).
« Mère de quatre enfants de son union avec François
Hollande, Magistrat à la Cour des comptes, Homme politique.
»
Prêtons attention au fait qu’ici aussi, le mot «
union » est utilisé. On qualifie d’«
union légale » le mariage, mais ici, il doit certainement
s’agir ici d’« union libre ».
Que devient donc le terme « compagne » ? Le Petit
Larousse clairement son utilisation dans la langue moderne.
Premièrement, en plus de renvoyer « compagne »
à l’article « compagnon », il distingue
en 1 le membre de compagnonnage, et en 2, il introduit un nouveau
paragraphe pour « compagne », qu’il explique
comme suit :
"Personne qui accompagne qqn, qui vit en sa compagnie."
Mais si je me souviens bien, le terme « partenaire »
a été beaucoup utilisé à une époque
pour exprimer ce concept. Mais le même dictionnaire donne
une explication beaucoup plus objective :
"Personne avec qui l’on a une relation sexuelle."
Encore plus loin dans le temps, c’est l’expression
« concubinage » qui était populaire. On avait
donc utilisé les termes de « concubin » et
de « concubine ». Il y avait derrière cela
une situation sociale qui avait pour prérequis la discrimination
des sexes. On ne peut nier le fait que la culpabilité en
émanant accompagnait toujours ces expressions. Mais comme
tout le monde le sait, l’impressionnante avancée
sociale des femmes a très rapidement diminué la
différence entre les sexes, et a constamment rapproché
leur égalité de la réalité. Ce qui
a dû nécessiter de mots plus transparents, et abouti
aux termes « union », « compagnon » et
« compagne ». Ce fait et que de nombreuses femmes
se portent candidates à la Présidentielle se recoupent
parfaitement.
Je vais faire une digression : parmi les nombreux mots étrangers
que le Japon à importé après guerre, il y
a « compagnon ». Je pense qu’a l’origine,
il s’agissait de jeune filles parlant bien anglais, embauchées
pour servir de guide aux expositions universelles, mais sa signification
s’est agrandie sans que l’on se rende compte, et je
suis étonné par le fait que l’on trouve maintenant
des compagnons-animateurs ou encore des compagnons de banquet.
Mais comme dans l’anglais original, on trouve le métier
de « paid companion », "femme qui est embauchée
pour servir d’interlocuteur aux malades et aux personnes
âgées" lit t’on dans les dictionnaires,
donc, peut-être que sa signification n’a pas subi
de modification importante.
Revenons à l’article en question ; plus loin, on
précise que Michèle Alliot-Marie et Arlette Laguiller
sont respectivement candidates de l’UMP (auquel appartient
également Mr Sarkozy, que j’ai évoqué
dans mon article précédant) et aux Verts, et on
découvre qu’elles ont toutes deux un « compagnon
», encore à l’aide du « Who’s who
in France ».
Le palais de L’Elysée. |
Le chroniqueur continue en écrivant que le cas des candidats
de sexe masculin est à l’opposé. Il donne les
noms des principaux hommes politiques, tels que Jean-Marie Le Pen,
Philippe de Villiers, Nicolas Sarkozy ou François Bayrou
; ils ont tous des femmes et des enfants, et prennent plaisir à
le montrer aux électeurs, affirme-t-il. "Décidément,
l’échéance politique de 2007 démarre
curieusement. Les candidates refusent majoritairement de se laisser
passer la bague au doigt et les maris se retrouvent tous à
droite."
Et comment interprétez-vous le terme « libre »
de la chronique ?
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