Il y a vraiment beaucoup de touristes qui visitent le Bd St Germain. Du cote de l’église du même nom surtout, les trottoirs regorgent de monde, et comme en plus , des crêperies à emporter, entre autres, y installent leur stands, on a du mal à y circuler ; mais si on prend une rue latérale, le silence se fait brusquement. Je ressens cela comme un des charmes de Paris. Quoi qu’on en dise « la densité de population » n’est pas si élevée que cela.
C’est dans ces environs que m’avait emmené Mme Armérac, une architecte d’intérieur, lorsque, il y a quelques années, je cherchais des meubles pour mon salon.
J’y viens de temps en temps, car elle m’a appris qu’il y a de nombreux magasins spécialisés dans la décoration d’intérieur derrière l’église, et qu’"il y a aussi une bonne pâtisserie dans le coin". J’adore les ruelles silencieuses, et l’atmosphère des petits parcs, inimaginable face au tumulte de la rue.
Un jour, en me promenant tout en faisant du lèche-vitrine, j’ai remarqué, qu’il y avait une arche de pierre, comme si on y avait fait un trou dans le mur. Au fond, on aperçoit une cour intérieure pavée, avec un petit drapeau tricolore. J’ai tout de suite deviné de quoi il s’agissait :
"Ne serait-ce pas le Musée Delacroix, dont j’ai entendu dire qu’il se trouvait à St Germain ?"
Comme attirée par un aiment, je suis entrée dans la cour, et devant une porte, également petite, avec le drapeau français la surplombant. Sur le mur, au dessus de la porte, on peut lire "Eugène Delacroix vécut dans cet appartement jusqu'à sa mort, le 13 août 1863". Cet appartement, avec un grand atelier, où le grand peintre vécut les cinq dernières années de sa vie, est maintenant le Musée national Delacroix.
Je l’ai su en regardant la grande carte des lieux en relation avec l’artiste : celui-ci est né et a grandi dans le Faubourg St Germain, et si on excepte une période où il déménagea près d’une église de la Rive Droite, pour y réaliser une peinture murale, il resta presque toujours dans les environs.
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Le peintre est issu d’une illustre famille, a rencontré Georges Sand, etc… Après avoir pris connaissance de sa biographie, qui me disait quelque chose, j’ai imaginé un peu légèrement , la haute société et les mondes littéraires et de la peinture ; bien sûr Delacroix à fait la connaissance de Sand, qui venait d’avoir ˝ une séparation tragique ˝ avec Musset, en tant que peintre portraitiste. J’ai aussi appris que leur amitié n’avait jamais changé, ce qui m’a fait penser au portrait de Chopin, qui se trouve au Louvre. Hum, d’environ quand datait t’il déjà… ?
Lorsque j’ai commencée à lire le livre de présentation de musées que je venais d’acheter, assise sur un banc du jardin de l’atelier, j’ai été ennuyée, car je ne pouvais plus m’arrêter.
C’est comme cela que j’arrive toujours à m’attarder….
On ne peut parler de la généalogie des hommes de lettres qui ont formé la culture française sans évoquer le Bd St Germain. D’innombrables célébrités s’installèrent dans les environs de cette rue, et chacun y ont développé leurs activités.
La société se modernisant, les « salons » : les réunions dans des demeures luxueuses se sont peu à peu démodées, mais il semble que ce n’ais pas été le cas des dispositions des personnes. La tendance à débattre avec animation de tout et de n’importe quoi est restée, et lorsqu’on entra dans le 20e siècle, ce sont les cafés qui servirent de lieux de rendez-vous. Au Flore, aux Deux Magots, ou au Lipp, se rassemblaient non seulement les artistes, mais aussi des individus de toute profession, tel que journalistes, hommes d’affaires ou politiques, etc., pour y boire, manger, travailler, débattre, et quelquefois, se disputer. Et il y est aussi apparu un génie tel que Boris Vian, qui fut qualifié de Prince de St Germain des Prés.
Depuis Mai 68, les intellectuels ont sans doute perdu la faculté de produire une déferlante capable de transformer la société, et je n’ai aucune idée de l’influence réelle du St Germain du 21e siècle à sur la société et sur son temps. Bien que le quartier soit animé, n’est il pas devenu un simple lieu touristique ?
Mais il suffit de le connaître un peu, pour pouvoir y trouver de bons marchés ou des magasins d’alimentations traditionnelles, et rien que pour cela, il est intéressant de venir jusqu’ici. L’ atmosphères des ruelles dans lesquelles s’alignent des galeries d’arts et des magasins d’antiquités, ou celles des vieux bistrots ne sont pas mauvaises non plus. Pour moi, cet endroit est certainement un des « figures » de Paris.
Des cinémas, des théâtres, des librairies, des boutiques de luxes, en passant par des boutiques de gadgets et des écoles…
Il est certain que ce long boulevard St Germain, qui passe par la Sorbonne et Cluny, avec l’Institut du Monde Arabe à l’extrémité Est, est toujours le creuset de la culture, et il ne fait aucun doute qu’il continue à donner naissance à quelque chose.
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Une ruelle
L'entrée du musée
L'atelier
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