Les bombardements sur Gaza font « la une » des journaux télévisés européens depuis la fin de l’année.
Il semble qu’il y ait eu une manifestation de protestation, au Japon aussi, le 31 décembre ; et comme on a dit au JT du matin du 3 Janvier : "De nombreuses manifestations sont prévues aujourd’hui, notamment à Londres ou à Paris.", j’ai décidé d’y participer.
La manifestation a eu lieu à 15h, devant le monument de la République, sur la place éponyme. Elle était organisée par un syndicat de travailleurs, mais la grande majorité des participants étaient d’origine arabe, et beaucoup portaient l’écharpe noir et blanc qu’affectionnait Arafat, devenu le symbole de la Palestine, autour du cou, sur la tête, ou enroulée autour du corps. C’est aussi le cas des vendeurs de sandwichs arabes : des brochettes de merguez et de viande frites, avec des poivrons de toutes les couleurs comme garniture. Peut-être que les bénéfices seront utilisés pour des actions de soutiens à la Palestine.
Un drapeau israélien est brûlé, puis la marche commence. On remarque la participation de nombreuses femmes âgées à l’expression préoccupée. Des petits enfants qui arborent des pancartes, sur les épaules des adultes, des parents qui poussent des poussettes, des lycéennes qui crient le slogan : "Gaza, Gaza, nous sommes tous avec vous !", des jeunes filles portant le foulard, de jeunes gens qui brandissent de grands drapeaux palestiniens, des hommes et des femmes, qui portent suspendus à leur épaule ou à bouts de bras, des pancartes faits à la main, des gens qui agitent des drapeaux algériens, irakiens, libyens ou français, en signe de solidarité… Des participants de tout âge et de toute nationalité défilent, rassemblés par le sentiment de ne pas pouvoir rester inactifs.
Les slogans retentissent sans discontinuer. "Israël, assassin !", "L’Europe complice !, "Arrêtez le massacre", " Médias français, montrez la vérité ", "Gaza survivra", " Au port de Gaza et au fond de Gaza, c’est l’Humanité qu’on massacre ". Des cris déchirants, qui viennent du fond du coeur, qui ne peuvent être comparés à ceux des traditionnelles manifestations japonaises du printemps. Parmi ceux-ci, ceux qui étaient les plus nombreux et ont été répétés avec le plus de sympathie étaient "Gaza, Gaza, nous sommes tous avec Vous !", et "Nous sommes tous des Palestiniens.".
Des chaussures se voient également un peu partout, en guise de pancarte, en référence aux souliers de Bush. Il y a aussi des personnes qui distribuent des tracts faits à la main. C’était aussi le cas de lettres pour le Président français à signer et à poster. Sur l’écusson jaune qu’on m’a donné, et que j’ai collé sur mon manteau, il était marqué : "Les marchands de mort s’enrichissent de la guerre.".
La manifestation avance sur les boulevards traversant les anciens quartiers de Paris, en passant par les deux arcs de triomphes qu’a fait construire Louis XIV : les portes St Martin et St Denis. Les passants suivent aussi la manifestation en arborant des drapeaux ou des foulards, en agitant la main, ou en commençant à marcher avec elle… on peut vraiment ressentir l’intensité de la colère de la population, dirigée contre l’invasion israélienne. Même aux fenêtres des bâtiments, on peut voir des gens faire des signes de la main, agiter des foulards noirs et blancs, ou les suspendre aux balcons pour montrer leur solidarité…, et à chaque fois, des cris de joie montent de la manifestation.
Il était cinq heures passées lorsque nous sommes arrivés à la Place St Augustin, en passant par les boulevards animés et pleines de monde, entre l’Opéra et les grands magasins Galeries Lafayette et Le Printemps, illuminés par les décorations voyantes de fin d’année. Il faisait heureusement beau, mais j’étais complètement gelée. Je pense que ce froid a été très dur pour les personnes âgées et ceux qui participaient à l’évènement avec une canne. La manifestation s’est dispersée après l’annonce, au micro, qu’il y aura une autre le 10 janvier à 15h à partir de la Place de la République.
Avant la guerre d’Irak, il y a eu de grandes manifestations à travers le monde, mais malgré cela, on n’a pas pu l’arrêter. Lorsque je suis rentrée à la maison, en me demandant si cette manifestation allait avoir un quelconque effet sur le peuple de Gaza, on annonçait au journal télévisé l’invasion du territoire par les forces terrestres israéliennes. Je me suis immédiatement souvenu de la visite de la ministre des affaires étrangères de l’état hébreu, deux jours plus tôt, et de sa rencontre avec Sarkozy, entre autres. En fait, il s’agissait là de préparer le terrain, et d’obtenir le consentement tacite de l’Europe. Les slogans que j’entendais jusqu'à il y a peu : "L’Europe complice" et "Sarkozy complice" ont résonné dans ma tête avec encore plus de réalisme.
Fumiko HAKOYAMA |
Une petite fille sur les épaules de son père.
Une poupée représentant les victimes. On remarque la participation de grands-mères.
Un enfant brandissant une chaussure.
Les vieilles dames au bord du chemin montrent aussi leur solidarité en agitant des drapeaux.
Des brassards faits à la main au dos, les participants crient leur colère à pleine voix. |